Lors du Festival d’Annecy 2024, j’ai assisté à 2 panels dédiés à de l’animation française Netflix. À savoir les futures séries Astérix & Obélix : Le Combat des Chefs et la saison 2 d’Arcane.
Alain Chabat et Astérix & Obélix : Le Combat des Chefs
Le premier projet était une présentation de la future série Le Combat des Chefs, coréalisée par Alain Chabat et Fabrice Joubert. Au niveau de l’écriture, Chabat s’accompagne de ses fidèles Piano et Benoît Oullion.
Une conférence hilarante
Digne d’un Burger Quiz, la conférence était hilarante car totalement dans le ton du cinéaste. Rien qu’à l’arrivée, l’écran projetait une fausse page d’accueil Netflix. Contenant une parodie de plusieurs de leurs titres, comme si l’Empire Romain avait pris les commandes. De même, la première vanne était une pub pour Amazon Prime, le concurrent direct de la plateforme au N rouge. Car Mission Cléopâtre de Chabat n’est pas disponible à ce jour sur cette dernière.
Que ce soit de l’humour absurde, de répétition, de décalage ou même méta, on avait de quoi faire durant le panel. C’est assez rare de soigner autant une présentation. Et notamment de la préparer autant afin que chaque intervenant.e joue le jeu. Ce n’en est pas pour autant si étonnant, venant de la part de Chabat. Cela aurait été même étonnant qu’il soit premier degré tout du long.
Une production difficile
Malgré l’esprit bon enfant, nous avons quand même appris que la production de cet Astérix n’était pas de tout repos. En effet, ce projet d’animation française sur Netflix devait être un long-métrage à la base. Même les décors devaient être réels. Mais de fils en aiguilles, cela s’est transformé peu à peu en série.
Côté production, c’est le studio toulousain TAT, qui se charge de la mise en œuvre, dirigée par Jean-François Tosti. C’est d’ailleurs la première fois qu’ils travaillent pour d’autres personnes, après avoir été sélectionné par Netflix parmi d’autres prétendants. Cela dit, c’est la seconde fois qu’Alain Chabat et Jean-François Tosti collaborent et en lien avec Astérix. Puisque le premier a choisi le court-métrage Le Vœu du second, comme préprogramme de Mission Cléopâtre.
Le problème du passage à la série étant que les étapes de fabrication sont plus ou moins restées dans l’esprit d’un long-métrage. Par exemple, plusieurs personnages ont bénéficié d’une sculpture 3D. Cela ne se fait que pour le cinéma en général. Ce qui engendre plus de coûts. D’autant qu’Alain Chabat ne lésine apparemment pas sur les retours et retouches. Même d’étapes déjà validées. Comme il nous a confié être un très grand fan d’Astérix, il tient à ce que tout soit comme il l’imagine. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Kristof Serrand fasse partie de l’aventure. Car il a qui déjà travaillé sur les premiers longs-métrages animés du gaulois.
À quoi va ressembler la série ?
La fabrication de la mini-série de 5 épisodes de 30 minutes, prévue pour début 2025, avance tout de même. Pour l’occasion, on a pu voir le développement graphique des personnages et des décors. Notamment leur fidélité aux anciens dessins animés et bien sûr à la bande dessinée originale.
De plus, on a pu découvrir quelques séquences étape par étape, avec un comparatif de version de travail et version finalisée. Cela nous a donné une idée plus précise de ce à quoi va ressembler Le Combat des Chefs. On aura droit à des visuels hauts en couleurs, une animation dynamique et des designs très proches de matériel original. L’ésthétisme se veut réaliste pour les décors et les vêtements, mais cartoon pour les humains. Même l’animation de transformation par la potion magique a été longuement étudiée.
Aussi, dans la foulée, on nous a dévoilé le casting, dont des nouveaux personnages spécialement créés pour cette adaptation. À savoir Metadata, la Maman de César, Fastandfurious, Potus et Apothika. On retrouvera notamment Alain Chabat en Astérix, Gilles Lellouche en Obélix ou encore Thierry Lhermitte en Panoramix. Pour le reste, on entendra également Jeanne Balibar, Laurent Lafitte, Alexandre Astier, Jérôme Commandeur, Anaïs Demoustier, Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Fred Testot et Jean-Pascal Zadi. Ou encore le Palmashow, composé de Grégoire Ludig et David Marsais.
Les premières images d’Arcane Saison 2
Le second panel était dédié à la série Arcane, tirée du jeu vidéo League of Legends. L’équipe est revenue sur une séquence en particulier de la future saison 2 et nous a décortiqué sa fabrication. Bien que j’ai travaillé dans cette industrie, j’ai appris beaucoup de choses.
Vi, une héroïne battante
Le personnage de Vi est bien évidemment de retour dans la saison 2 d’Arcane. C’est tout naturellement une séquence la concernant que Fortiche est venu nous présenter. Après les événements de la saison 1, Vi devient boxeuse pour gagner sa vie, dans une arène clandestine. On le découvre donc à travers un montage très découpé, qu’elle affronte différents adversaires, dans une routine quotidienne. Elle se prend des raclées, triomphe, va boire des coups en boîte, s’effondre dans le lit de son appartement miteux. Puis recommence.
Habituée à protéger les siens, elle se retrouve seule à présent. Ainsi, c’est cet aspect que les auteurs ont voulu explorer. Cette séquence raconte ainsi sa descente aux enfers, sur fond musical.
Un montage musical référencé énergique
Cette nouvelle saison et notamment ce passage, n’aura pas lésiné sur les nombreuses recherches. Ainsi, on a pu apprécier les moodboards qui ont servi de référence pour les designs. Comme Charlize Theron dans son rôle de Furiosa concernant le look de Vi. Ou encore des décors de Game of Thrones, Vanilla Sky, Trainspotting pour le bar ou Snatch pour la boxe. De même, l’esprit de Fight Club n’échappera pas aux spectateur.ice.s. Quant à la photographie, ils se sont largement inspirées de celle de Darius Khondji pour le film Seven.
Concernant la musique, essentielle à leur travail comme l’indiquait le production designer, ils ont tapé dans le punk et le rock des années 80-90. En effet, ils cherchaient une énergie brute et entraînante, comme God Save The Queen des Sex Pistols ou Nevermind de Nirvana. Pour le coup, la musique de travail pour le montage et l’animation vient de ce groupe, avec Territorial Pissings. Par la suite, le compositeur s’est basé sur ce rythme pour ajouter des sonorités plus sombres. Afin de coller au mood de l’héroïne à ce moment-là. La synchronisation du son et de l’image est très importante dans cette séquence. Qu’on retrouvera au milieu de la saison 2 d’Arcane.
Une animation française minutieuse et unique sur Netflix
Enfin, les intervenants nous ont décortiqué aussi toute la fabrication de cette séquence. À commencer par les storyboards, le character design, le choix des couleurs et de l’éclairage. On notera par exemple la présence d’un logo de loup à deux têtes sur la veste de Vi. Ce clin d’oeil est notamment destiné aux joueur.euse.s de League Of Legends, le matériel original de la série pour rappel.
De plus, on a pu visionner quelques extraits non finalisés. C’est-à-dire sans rendu, un export direct depuis le logiciel d’animation. Pour ensuite ajouter le lightning et le compositing. Dont le fameux style 2D très reconnaissable du studio et de la série. On sent que cette étape prend tout autant, si ce n’est plus, de temps que l’animation. Ce qui explique sans doute le résultat époustouflant. D’autant qu’ils ont encore une fois poussée la technologie dans ses retranchements. Cela permet de ne pas se reposer sur ses acquis et de toujours proposé mieux à son audience.
Pour ensuite terminer sur le visionnage complet de la séquence définitive. Si ce niveau est constant à toute la saison 2 d’Arcane, la série pourrait dépasser son succès précédent. Elle sera disponible pour novembre 2024.
L’Animation Française sur Netflix a de l’avenir
Ainsi, on comprend assez vite que l’animation française sur Netflix n’a rien a envier au reste du monde.
En effet, comme le montre ces deux projets, le savoir-faire français a beaucoup d’avenir. Que ce soit chez TAT Production à Toulouse (pour Astérix) ou Fortiche Studio à Paris (pour Arcane), la France sait sortir de la qualité, en engageant les meilleurs. D’habitude ils partent travailler pour Hollywood…
On a aussi pu découvrir l’avenir général de l’animation sur la plateforme, lors du Festival d’Annecy 2024. Ça s’est passé lors du panel “What’s Next on Netflix?”, dont vous pouvez lire notre retour prochainement. On a également vu des longs-métrages en avant-première, comme The Imaginary ou Ultraman : Rising.